Bénédictines de Montmartre : enfin la reconnaissance

 « Ces mises en lumière publiques, attendues depuis trop longtemps, suscitent indignation, colère, et douleur. »

     

Tout vient à point et la vérité finit toujours par percer

en dépit des omertas et des dénis dont elle est l’objet. Ce 27 avril 2023 fera date pour les Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre en raison d’une déclaration transmise à la Presse après avoir été élaborée en commun entre les sœurs de la Communauté actuelle et plusieurs sœurs ayant quitté l’Institut. Elles reconnaissent «  tout un système d’emprise, aux conséquences graves et durables, mis en place sur plusieurs décennies par l’autorité de l’époque. »
« Toutes celles qui s’associent à cette déclaration, est-il précisé, sont broyées par l’ampleur « des souffrances qu’elles ont subies durant tant d’années : abus spirituels et de conscience, « abus de pouvoir et d’autorité, séparation des sœurs d’avec leur famille et leur référent « spirituel, violences morales et physiques, menaces, mensonges systématisés, calomnies, « climat de peur et de manipulation, humiliation, privation de liberté, absence de « discernement vocationnel… »

Les mots sont forts, mais bien pesés :
« Ces mises en lumière publiques, attendues depuis « trop longtemps, suscitent « indignation, colère, et douleur. »

Le caractère tardif de cette déclaration, près de 20 ans après les conclusions de la visite apostolique de 2004, et 10 ans après celles de 2012, « manifeste l’ampleur, la puissance et la profondeur de l’emprise. » et permet de réaliser les carences béantes de l’Institution.

Pour autant que nous sachions, en 2004 les sœurs étaient bien sous emprise déjà, mais ce n’était pas le cas des visiteurs apostoliques dont l’incurie éclate enfin au grand jour. Nous avions pu faire une mise en garde très claire sur notre site car nous avions pu mettre en ligne un document de 2013 qui avait fort heureusement fuité et dont ont réalise enfin qu’il était grotesque et coupable de le garder secret.
En conclusion le communiqué exprime le souhait que l’Institut, après avoir exprimé sa demande de pardon, ce qui est déjà un geste fort, « envisage les contours d’une juste réparation ». 
C’est bien sur les contenus et la mise en place de cette juste réparation que doit désormais porter la vigilance de toutes les parties concernées.

Toulouse, le 04/05/2023




Communiqué de presse du 27 avril 2023


Déclaration élaborée en commun entre
les sœurs Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre et
plusieurs sœurs ayant quitté l’Institut 1


Après de nombreuses années de liens rompus avec l’Institut des Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre (BSCM), plusieurs sœurs sorties ont repris contact avec la prieure générale actuelle. Un début de relecture du passé de l’Institut a été entrepris les 11 et 12 février 2023, entre des BSCM et plusieurs sœurs sorties. Étayée par des témoignages oraux et écrits, cette rencontre a permis de mettre des mots communs sur tout un système d’emprise, aux conséquences graves et durables, mis en place sur plusieurs décennies par l’autorité de l’époque. A l’issue de ce week–end, d’un commun accord, et dans un dialogue retrouvé, la publication d’une déclaration officielle faisant part de la reconnaissance d’abus subis au sein des BSCM a été décidée.

Toutes celles qui s’associent à cette déclaration sont broyées par l’ampleur des souffrances qu’elles ont subies durant tant d’années : abus spirituels et de conscience, abus de pouvoir et d’autorité, séparation des sœurs d’avec leur famille et leur référent spirituel, violences morales et physiques, menaces, mensonges systématisés, calomnies, climat de peur et de manipulation, humiliation, privation de liberté, absence de discernement vocationnel…

Ces mises en lumière publiques, attendues depuis trop longtemps, suscitent indignation, colère, et douleur. Le caractère tardif de cette déclaration, près de 20 ans après les conclusions de la visite apostolique de 2004, et 10 ans après celles de 2012, manifeste l’ampleur, la puissance et la profondeur de l’emprise. Les responsables actuelles de l’Institut déplorent avec force cette perversion de la vie religieuse durant ces années d’emprise, ainsi que toutes les violences subies et endurées par toutes, qui ont engendré de graves traumatismes, dont les effets perdurent encore chez certaines aujourd’hui. Ces dérives ont causé de nombreux départs de sœurs, dans des conditions trop souvent douloureuses et difficiles, l’autorité de l’époque ne les ayant ni soutenues, ni accompagnées, mais ostracisées.

Ce constat pousse les responsables actuelles de l’Institut à demander pardon à toutes celles qui ont été victimes de ces abus, à leurs familles et proches parfois profondément blessés et désemparés ; et en particulier à Roseline de Romanet (Mère Marie Vianney), empêchée, malgré elle, d’exercer sa charge de prieure générale de 1998 à 2004, humiliée, gravement et durablement calomniée (ainsi que sa famille) auprès des sœurs et de l’Eglise. En même temps, elles la remercient ainsi que toutes celles qui ont brisé le silence, dénoncé les dérives, rencontré l’indifférence ou le mépris, allant même jusqu’à sacrifier leur vocation.

À la suite des conclusions de la visite apostolique de 2012, puis dans l’élan du chapitre général de 2020, l’Institut s’est engagé dans un chemin de réforme et de conversion. Ce chapitre général ainsi qu’une relecture de l’histoire par toutes les sœurs en juin 2021, ont été deux étapes essentielles dans ce processus de renouveau. Plusieurs points d’attention et de vigilance ont émergé en vue de la mise en place d’un juste exercice de l’autorité, d’une formation continue des sœurs, dans le domaine des sciences humaines et du droit canonique ainsi que la mise en place d’un accompagnement humain et spirituel dispensé par des personnes qualifiées.

Le souhait de toutes celles qui s’associent à cette déclaration, est aussi de s’inscrire dans l’intention de prière formulée par le Saint–Père pour le mois de mars 2023 : « faire la totale lumière sur les dysfonctionnements subis afin qu’ils ne se reproduisent pas » 2. Dans les mois qui viennent, les signataires de cette déclaration commune demandent la mise en place d’une commission indépendante et pluridisciplinaire, afin de permettre à l’Institut de mieux identifier, comprendre et analyser l’ensemble des dérives qui ont eu lieu ainsi que d’envisager les contours d’une juste réparation. 
****

Sœur Marie Elie, prieure générale de la congrégation des BSCM, et le Conseil Général

et 

Plusieurs sœurs ayant quitté l’Institut 
1 dont Anne-Sophie B. (anciennement Sr Marie André),
Roseline de Romanet (anciennement Sr Marie Vianney),
Aurélie M. (anciennement Sr Marie Lucille),
Nathalie Brun (anciennement Sr Marie Pauline),
Sophie F.B. (anciennement Sr Marie Christophe),
Claire Daniel (anciennement Sr Anne Claire),
Marie M. (anciennement Sr Marie Astrid),
Aurélie Péricard (anciennement Sr Marie Aurélie),
Julie R. (anciennement Sr Marie Salomé),
Anne-Christine (anciennement Sr Marie Jacques),
Céline J.-G., 
Anne Langlade de Montgros (anciennement Sr Anne Cyrille)

2 « L’Église ne doit pas cacher la tragédie des abus, quels qu’ils soient. Ni lorsque les abus se produisent au sein des familles, ni même dans des associations ou dans tout autre genre d’institutions.
L’Église doit être un exemple. Elle doit aider à résoudre ces abus, elle doit les faire apparaître au grand jour aussi bien dans la société qu’au sein des familles. »
Pape François, intention de prière pour le mois de mars 2023.

Addenda

Nous rendons grâce pour ce chemin de rétablissement de liens et de reconstruction avec des sœurs qui ont quitté notre congrégation pendant ces années douloureuses. La rencontre que nous avons pu vivre avec certaines d’entre elles en février dernier a été un moment très important pour prendre davantage conscience des dysfonctionnements graves qui se sont produits dans notre congrégation pendant plusieurs décennies et des souffrances qu’ils ont engendrées.

À la suite de ce week-end, nous avons décidé d’un commun accord que le moment était venu de communiquer publiquement sur ces dysfonctionnements, de les nommer, d’en demander pardon et d’exprimer ouvertement notre engagement dans le travail de reconstruction qui est en cours depuis 2013.

Le fait de communiquer onze ans après la dernière visite apostolique peut surprendre, et a été une source de souffrance pour certains, mais beaucoup d’entre nous ont eu besoin de ce temps pour sortir totalement de cette emprise et nous remettre sur pied pour pouvoir vivre cette étape de reconnaissance publique dans une grande liberté et lucidité, en ayant pu assumer petit à petit ces pages sombres de notre histoire passée.

Cette démarche de vérité sera, nous l’espérons, source de fécondité pour l’avenir. Nous rendons grâce d’avoir pu écrire cette déclaration avec des sœurs qui n’ont pas pu rester dans la Congrégation et qui sont encore, pour certaines, en grande souffrance. Cette démarche, vécue dans un dialogue retrouvé, est une étape importante sur un chemin de guérison et d’apaisement pour chacune.

Que le Seigneur, Dieu de miséricorde, nous donne la grâce de poursuivre humblement et résolument ce chemin de renouveau et de conversion déjà bien commencé, afin que notre congrégation puisse porter de bons fruits pour l’Église et pour le monde.
         

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