Dix bonnes questions révélatrices 

La série des dix questions que nous publions ci-dessous
a été rédigée par une ancienne religieuse de la congrégation des Sœurs de Bethléem et extraite du livre qu’elle a publié aux éditions « Les Impliqués », ayant pour titre : « 15 ans dans l’enfer de la famille monastique de Bethléem ».

L’auteure, Patricia Blanco Suarez, est d’origine espagnole, ce qui explique certaines des questions qu’elle soulève. Si nous publions ce questionnaire en dehors de la rubrique consacrée sur notre site à cette communauté de Bethléem, c’est parce que nous lui accordons une attention particulière :  il a une valeur transversale car les problématiques qu’il pose se retrouvent au départ de toute communauté qui connaît des dérives ou des abus.

Certains seront surpris et jugeront que c’est excessif, mais ce serait ignorer que de plus en plus nombreux sont les religieuses et religieux d’origine étrangère présents sur le sol français. Ils sont pour la plupart venus de pays du Sud situés hors de l’espace Schengen, ce qui complique leur statut quand ils décident de s’affranchir d’une emprise pesante… ou plutôt quand ils découvrent que, du fait de leur origine, ils n’ont pas de statut du tout s’ils rompent les amarres.

Des mesures concrètes et des moyens matériels sont attendus avec la réforme promise du Service Accueil et Médiation de la Conférence des évêques, le SAM, au moment où nous mettons en ligne ce document.


Il y a urgence.


Toulouse, mai 2022

Pourquoi ma communauté ne m’a- t-elle pas aidé… 

  1. À trouver un travail ?

  2. À me dire ce qu’il fallait faire pour trouver un logement et ce qu’est un contrat de loyer et une simple quittance ?

  3. À me dire ce qu’est la Sécurité Sociale dont j’ignorais même l’existence puisqu'aucune sœur ne gère ses papiers, ni même ne possède ses papiers d’identité, ni rien, car tout est géré par une sœur de la communauté ?

  4. Ou à m’informer des démarches à entreprendre pour obtenir la CMU, pour pouvoir me faire soigner tant que je n’avais pas de revenus ?

  5. À m’expliquer comment ouvrir et gérer un compte bancaire, indispensable pour le versement des salaires (je croyais que mon salaire pouvait m’être versé en espèces sans savoir que ce n’était pas légal) ?

  6. À me parler de Pôle emploi, dont j’ignorais l’existence… ?

  7. À me parler de la CAF ? Je ne savais pas ce que c'était.

  8. À me parler de l’Euro qui n’existait pas à mon entrée dans l’ordre ? Une fois au couvent, pas un sou ne passait entre mes mains… J’étais complètement perdue, les Pesetas et les Francs n’existaient plus…

  9. À me parler d’Internet, des téléphones sans fils, etc. En quinze ans, tant de choses avaient changé dont je ne savais rien ?

  10. À me parler de la Croix Rouge où j’aurais pu acheter du linge à un euro, au lieu d’être obligée d’aller dans des magasins trop chers pour quelqu'un qui n’a pas encore de revenus ?Or je devais être bien habillée pour aller travailler…




J’étais très seule

Pourquoi ne m’ont-elles pas proposé, pendant un certain temps, un accompagnement par une amie ou connaissance de la communauté pour m’aider à démarrer dans ma nouvelle vie ? Elles l’ont bien fait avec d’autres sœurs privilégiées. Au lieu de cela, elles ne m’ont proposé qu’une retraite dans un sanctuaire pour essayer de me faire changer d’avis…


Si elles avaient voulu me donner au moins quelques informations pour pouvoir vivre, me débrouiller dans la vie et être au courant du minimum.  C’est le moins qu’on puisse faire quand quelqu'un quitte le monastère, que de l’informer de toutes ces réalités du monde pour s’en sortir.



Questionnaire établi en mars 2022, d’après le livre de Patricia BLANCO SUAREZ,
> « 15 ans dans l’enfer de la famille monastique de Bethléem »,
Page 215,  Éditions « Les Impliqués »


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