Se repérer

Identifier sa situation, cela peut paraître aller de soi.


À l’origine, nos articles dans ce rubrique Cheminement concernaient le parcours classique dans la vie religieuse. Aujourd'hui la multiplicité de parcours et la complexité de situations personnelles obligent à davantage de précision dans nos recommandations.

  • Pédocriminalité : personnes abusées dans leur enfance ou leur jeunesse,
  • Emprises diverses,
  • Ruptures familiales : père ou mère de famille dont le conjoint est sous emprise... 
    avec problèmes de garde des enfants,
  • Vide juridique : laïcs dit « consacrés" sans statut canonique défini, sans régime social défini,
  • Fausses thérapies: personnes choquées suite à 'une session de guérison/conversion ou un exorcisme sauvage
  • Maltraitance, abus, harcèlement :
    Religieuse (ou religieux) piégé(e) au nom d’une fausse conception de l’obéissance
  • Désarroi : Personne parente ou proche d’une victime cherchant que faire

 
Il  va de soi que le cheminement que nous vous proposons doit tenir compte de votre situation. La pertinence de nos remarques en dépend. Évitez donc de consulter ce site de façon séquentielle : tapez plutôt les mots-clés correspondant à votre questionnement dans  la cellule « Rechercher » disposée en haut et à droite de la page.

Cartographie communautaire

Le bon discernement doit débuter par un regard panoramique sur l’ensemble des mouvements, congrégations et communautés qui, chacune à sa façon, essaient d’attirer chez elle des vocations ou des engagements. Le but qu’elles poursuivent ne doit pas être de « faire de la retape », mais plutôt de tester la motivation de votre démarche comme l’exprime le chapitre 58 de la règle de Saint Benoît consacré à l’accueil des frères (ou des sœurs) : 


« Lorsque quelqu’un se présente pour embrasser la vie religieuse, on ne doit pas facilement lui accorder l’entrée ; mais on fera ce que dit l’Apôtre :  

Éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu.[ 1 Jn 4, 1 ]  Si un nouveau venu persévère à frapper à la porte, et si après quatre ou cinq jours on reconnaît qu’il est patient à supporter les rebuffades et les difficultés mises à son admission, et qu’il persiste dans sa demande, on consentira à le faire entrer et à le loger quelques jours à l’hôtellerie. Ensuite, il passera au logement des novices, où ceux-ci méditent, mangent et dorment ».

Du côté du postulant ou de celle ou celui qu’on appelle d’abord un « regardant », il convient donc avant toute chose de valider les raisons du choix.
Pour cela il est bon de contempler le paysage et s’orienter. 


A cet effet nous cartographions, forts de nos expériences et des témoignages reçus, trois grandes familles ou mouvances communautaires parmi lesquelles un premier repérage est nécessaire.

  1. La mouvance traditionaliste 
    La première de ces familles est la mouvance traditionaliste représentée par des mouvements qui, soit refusent de reconnaître la validité du concile Vatican II, soit répugnent à en appliquer les conclusions. Ils sont surtout attachés à des formes liturgiques anciennes et, s’ils critiquent à bon escient des dérives constatées dans d’autres mouvements ou dans des paroisses, certains ne sont pas pour autant exempts eux aussi des mêmes abus qu’ils prennent soin d’occulter pour se donner bonne conscience. 

    Ils sont tentés aussi par le fondamentalisme religieux qui est un détournement et une exploitation politique des croyances. Autrement dit un mouvement de ce type ne doit pas être jugé sur le discours tenu toujours idéal, mais sur le comportement réel de ses membres et de ses supérieurs : cette règle de discernement est aussi valable pour les autres.

  2. Les « nouveaux mouvements religieux 
    La deuxième mouvance en effet, dénommée vers la fin du XXe Siècle, celle des « nouveaux mouvements religieux » est d’inspiration charismatique et puise ses origines aux Etat Unis, dans le mouvement dit du Renouveau qui  s’est manifesté dans diverses églises chrétiennes.

    Ce mouvement a représenté un grand espoir et a suscité de nombreuses créations de communautés, démarrant comme des « start-up » sans toujours s’assurer des bases nécessaires et en faisant une confiance parfois excessive à des fondateurs persuadés de détenir eux seuls la bonne nouvelle et l’inspiration de l’Esprit Saint ou de la Vierge.

    Certains se sont comportés comme des gourous de sectes et ont profité de la bonne volonté, mais aussi de la crédulité de leurs adeptes. Des thérapies douteuses sont parfois mises en avant. Des scandales ont éclaté et, à ce jour, la décantation ne s’est pas encore opérée de façon satisfaisante. C’est pourquoi le 20 janvier 2024 le pape François, s’adressant aux représentants de ces mouvements leur a demandé de ne pas se comporter comme « une école de samba ».

  3. Les congrégations et communautés traditionnelles établies 
    La troisième et dernière mouvance, mieux installée, est celle des congrégations et communautés traditionnelles établies bien souvent depuis plusieurs siècles avec une règle éprouvée.

    Elles bénéficient d’un a-priori favorable dû à leur expérience, mais certaines congrégations enseignantes ont occulté des abus pédocriminels et se sont ainsi lourdement déconsidérées. Il peut arriver également que, de façon locale ou ponctuelle, un supérieur de congrégation de ce type se sente fort d’imposer sa volonté et ses caprices aux membres d’une communauté et se rende coupable d’abus de pouvoir ou d’abus spirituels. Il s’agit là d’une tentation permanente que l’on retrouve à chaque génération, celle de contrôler le for interne d’une personne consacrée et de la dominer en excipant pour ce faire le vœu d’obéissance détourné de sa signification première.


En résumé vous pouvez commencer à prendre une option dans ce panorama simplifié. Il convient également de prendre en compte les différences de statuts qui peuvent vous être proposés, depuis celui de laïc dit « consacré », jusqu’à celui de religieuse ou religieux, en passant par différentes positions définies de façon plus ou moins claire dans le droit canonique et assorties de contraintes variables en fonction des règles de vie communautaires.


Mais il convient de prendre garde aussi  aux personnalités qui seront appelées à vous superviser  et plus spécialement aux personnalités manipulatrices, celles qui justement se montreraient trop « bienveillantes » avec vous. Il est enfin recommandé d’éviter les communautés qui se comportent comme des ordres mendiants sollicitant en permanence des dons au lieu de proposer un travail valorisant à leurs membres.


Allez, si nécessaire, dans notre menu « Signalements » de ce site si vous souhaitez vous documenter plus spécialement sur un mouvement ou une communauté. 


Un point clé : la connaissance de la Règle, les Constitution et autres documents de référence d'une communauté

Il s’agit des principes de fonctionnement d’une communauté et de la façon dont ils sont respectés. 

Nombreux sont les témoignages qui nous parviennent de victimes d’abus auxquelles on a occulté la Règle, et les Constitutions lors de leur engagement initial.
Il s’agit là d’un vice de consentement, et selon nous d’une cause de nullité des vœux.
C’est pourquoi nous publions un extrait des alinéas 260 et 261 de la règle de Saint Benoît qui a servi de référence sérieuse à tout le monachisme durant plusieurs siècles et devrait être encore respectée aujourd'hui :

« 260. S’il (i.e.le novice) promet de persévérer dans sa stabilité, après deux mois, on lui lira cette Règle en entier), puis on lui dira :  Voici la loi sous laquelle tu veux combattre. Si tu peux l’observer, entre ; mais si tu ne le peux pas, tu es libre de te retirer.  S’il persiste, on le reconduira au noviciat, et l’on continuera de l’éprouver en toute patience. »

« 261.Au bout de six mois, on lui lira encore la Règle, afin qu’il sache bien à quoi il s’engage. S’il persévère, après quatre autres mois, on lui lira à nouveau cette même Règle. Et si après mûre délibération, il promet de la garder en tous points et d’observer tout ce qui y est commandé, alors il sera reçu dans la communauté ».

On voit bien là l’insistance avec laquelle cette Règle doit être lue et relue afin que le choix soit fait en connaissance de cause. Nous la considérons comme un principe universel. Toute règle quelle qu’elle soit, doit être portée à votre connaissance sans que vous ayez à la réclamer.

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