Famille de Saint Joseph
Aujourd’hui les signes de dérives et d’abus potentiels dans un institut religieux sont paradoxaux.
Il s’agit en effet de l’appel constant à des dons : rappelons à ce propos que, dans la règle de Saint Benoît qui a influencé le monachisme durant des siècles, le religieux doit travailler et que les ordres dits « mendiants » sont bien spécifiques. Pour travailler le religieux doit donc avoir ou acquérir une qualification et l’exercer. Une communauté normale ne doit faire appel à des dons que de façon exceptionnelle.
Il s’agit aussi de l’offre de guérison spirituelle : on cède à la pression sociétale qui réclame et propose à tort et à travers de la guérison, des retraites de guérison, des sessions de guérison.
Il s’agit du mélange entre accompagnement spirituel et psychologique, de la confusion entre for interne et for externe. La liberté des personnes dans leur choix de vie est alors diminuée et les sorties éventuelles de communauté rendues très difficiles.
Il s’agit également du culte de la personnalité du fondateur : si admirable soit-il, il est grotesque de le vénérer comme un saint ; si pertinente qu’elle soit, sa pensée ne doit pas, ne peut pas devenir le modèle unique de référence.
Il s’agit de la façon dont cet institut se présente comme étant la Famille, une sorte de famille attrape-tout à la fois contemplative et apostolique, réunissant sous le même toit (ou presque…) des frères et des sœurs, des religieux et des laïcs.
Il s’agit enfin du sourire permanent, de la façon dont sont cachées les difficultés et les angoisses, de ce sourire qui devrait réconforter, mais n’est trop souvent qu’un sourire de commande, le sourire stéréotypé, le même sur chaque visage, sur chaque photo: un automatisme.
Il semblerait que tous ces ingrédients se retrouvent dans la Famille de Saint Joseph, ou plus précisément la « Congrégation des moines et moniales de Saint Joseph » communauté dite « nouvelle », présente en France à Puimisson dans l’Hérault et à Chasselay dans le Rhône.
Pourtant tout avait bien commencé car le fondateur, le père Joseph Marie VERLINDE, s’était taillé une solide renommée en développant une expertise sur ce qu’on appelle le « New Age ». Après avoir pratiqué la méditation transcendantale, vécu dans un ashram himalayen et s’être tourné vers l’ésotérisme, il faisait attention à ce que « d’autres ne s’engagent pas dans un chemin sans issue ».
C’est pourquoi il avait étudié à l’université grégorienne de Rome, puis fondé en 1990 la Famille de Saint Joseph et acquis dans les milieux catholiques la solide réputation d’un spécialiste des « nouvelles religiosités ».
Alors on peut se demander ce qui se passe aujourd’hui dans la Famille de Saint Joseph où une obéissance excessiveserait de mise. Le père VERLINDE, semblerait vouloir contrôler de manière bien autoritaire le for interne de sa communauté. Il déclare se rattacher à l’ordre cistercien, mais c’est bien flou. Il insisterait donc, nous dit-on, sur l’obéissance : « Je ne comprends pas, mais j’adhère » !
Dans la vie de tous les jours, écrit une ancienne consacrée, ce mot d’ « obéissance » revenait souvent pour les petites comme pour les grandes choses. « Faire par obéissance , ce devait être notre moteur pour agir selon ce qui nous était demandé sans poser de question et sans forcément comprendre.
Mais aujourd’hui, discerner c’est comprendre ; et discerner c’est exercer sa liberté. C’est pourquoi une personne sortie de cette communauté nous a livré son vécu :
Au début, j’avais tellement peur de trahir, sans le faire exprès, par maladresse, le for interne (de la communauté)que j’osais à peine échanger avec les laïcs qui venaient aux temps de prière. Ensuite j’ai compris que finalement nous ne pouvions rien partager avec eux, que des théories spirituelles mais rien sur notre quotidien concret.»
Les membres de la Famille de Saint Joseph vivraient-ils alors sous une sorte de « chantage affectif » lié à une vénération du « Père » ? Nous posons la question.
Ce qui est certain c’est qu’il y a eu un suicide, celui d’un frère en 1996 et que les causes de ce drame n’ont jamais été vraiment approfondies. On nous a également rapporté, que la présence dans le même lieu de culte de femmes et d’hommes, bien qu’ils soient consacrés, offre une incitationaux abus que l’on peut deviner même si certaines affaires auraient été étouffées.
Nous conseillons donc de rester réservés par rapport à cette communauté, soit que vous ressentiez un besoin de guérison spirituelle, soit que vous ressentiez un appel à une vie consacrée. Dans tous les cas il n’y a de véritable réponse à un appel que s’il y a choix et donc comparaison avec d’autres possibilités, libre de toute influence.
Les doutes exprimés en fin d’année 2019 semblent bien se préciser en raison d'informations recoupées au cours de l'été 2020, faisant état de plaintes déposées en gendarmerie et d'affaires qui seraient connues, mais couvertes par une hiérarchie épiscopale.
Bien entendu la présomption d'innocence prévaut toujours, mais aussi le principe de précaution dont nous souhaitons qu'il soit respecté dans l'intérêt des personnes vulnérables.
22/08/2020