Le Chemin néocatéchuménal
Il a été lancé dans le quartier de Palomeras, à la périphérie de Madrid en 1964 par deux laïcs espagnols, Francisco José Gómez de Argüello (dit Kiko Argüello) et Carmen Hernández récemment décédée en août 2016. Son fondateur est un peintre espagnol, Francisco Arguello dit « Kiko » qui, dit-il, a traversé au préalable une crise personnelle et un cheminement spirituel avant de lancer le mouvement.
Dès 1964 et jusqu'aujourd'hui, le « Chemin » s'est propagé dans le monde. En 2008, il revendique une présence dans plus de 6 000 paroisses, dans 1 000 diocèses, et dans 120 pays, particulièrement en Italie et en Espagne, dans 9 000 paroisses et déclare compter 42 000 communautés. Chaque communauté compterait entre 20 et 50 personnes. Il compte également des séminaires « Redemptoris Mater » dont il y aurait plus de 70 en 2011, avec environ 3 000 prêtres et 1 500 séminaristes.
Se réclamant de Vatican II le mouvement prône un retour aux enseignements du christianisme antique. Ses célébrations ont été et sont toujours largement discutées car le mouvement a créé sa propre liturgie et son propre catéchisme qui a été discuté au sein du Conseil Pontifical pour les Laïcs.
Le 1er février 2014, recevant certains de ses membres, le pape François les a appelés à « respecter la liberté de ses membres ». Ce rappel à l’ordre discret vient d’un certain nombre de caractéristiques que nous allons préciser concernant le parcours initiatique mentionné ci-dessus et l’emploi dans ce mouvement d’un vocabulaire particulier qu’il est utile de décrypter dans les paragraphes qui suivent.
La convivence est un crescendo de sensations et de nouvelles expériences. L’expérience (spécialement pour quelqu’un qui n’a jamais été croyant) déclenche quelque chose dans la personne afin qu’elle devienne de façon incisive et profondément engagée. Le dernier jour de la connivence on lit le Sermon sur la Montagne
La convivence débute avec un rite très évocateur appelé, " lucernaire ". La pièce est plongée dans le noir pour quelques minutes. Puis un presbytre entre dans la pièce en tenant un cierge de Pâque allumé qui éclate parmi la dérangeante obscurité. Ce presbytre joue un rôle différent de celui du responsable du groupe.
Ce Rite de la lucarne constitue l’introduction à la "convivence" de trois jours qui conclut les seize catéchèses initiales. D’autres célébrations de la Parole rythment ces mêmes journées et rythmeront, chaque semaine, la poursuite du Chemin.
Une autre étape est la Redditio, où le Credo et la Traditio sont donnés. Après cela, le Néocatéchumène raconte l’histoire de toute sa vie devant l’assemblée entière – souvent parsemée avec les détails les plus inopportuns relatifs au changement que le Chemin a produit dans sa vie… et il récite le Credo.
La personne ainsi introduite doit réaliser que chaque laïc présent comme lui connaît chaque coin et recoin de sa vie privée et cela peut créer une dépendance ambiguë.
Certains anciens adeptes considèrent que le contrôle sur les émotions des personnes par l’utilisation de la culpabilité et de la peur est l’une des choses les plus graves. Dans la première catéchèse, ils parlent de la piscine baptismale dans laquelle l’on doit s’immerger afin de regarder ses péchés en face. Un catéchiste a dit, vous devez descendre dans l’égout afin d’en remonter à nouveau avec Christ
En résumé il y a un « chemin de conversion » avec deux « scrutins », c'est-à-dire deux étapes marquées à la fin par une cérémonie particulière.
Le chemin démarre par un « précatéchuménat post-baptismal »
Après le scrutin il faut faire face au « shema » (écoute Israël) et on est « précatéchumène ».
Il est dit post-baptismal car il est censé s’adresser à des chrétiens déjà baptisés, mais ayant perdu les diverses notions de leur foi ou les ignorant.
Ensuite on passe au catéchuménat, puis finalement à l’élection qui est l’aboutissement du parcours.
Pour le fonctionnement de la communauté on verse 10% de son revenu. Le sac où l’on remet les oboles durant les réunions est appelé « l’ordure » car il faut mépriser l’argent. A notre connaissance la communauté ne publie pas ses comptes et ses membres n’ont pas contrôle de l’usage de ces dons.
Un auteur italien, Lino LISTA a publié un livre « Il fango e il segreto » (la boue et le secret) qui présente la gnose du péché et la nouvelle esthétique du Chemin Néocatechuménal.
Il y pose un regard critique principalement sur la nouvelle esthétique de Kiko Arguello, considérée comme une clé pour se plonger dans l’ésotérisme Néocatéchuménal. « La boue et le secret », à travers l'analyse des 'enseignements, des stratégies de formation, des symboles, des icônes, des chants, des contrôles de passage et le rituel, grâce à la contribution d’anciens adeptes qui ont participé pendant des décennies ou qui ont suivi les étapes initiatiques, ouvre une ample vision sur les arcanes du « Chemin ». Depuis les catéchèses initiales jusqu'au pèlerinage final vers la Terre promise, le scénario qui se dégage peut fasciner ou inquiéter.
Nous avons mentionné en introduction la présence du Chemin Néocatéchuménal dans des paroisses. Cela pose parfois problème. En effet, comme l’écrit le vaticaniste Sandro Magister le 11 avril 2012,
en réalité, le danger redouté par Benoît XVI et par beaucoup d’évêques – comme le montrent les nombreuses protestations parvenues au Vatican – est que les modalités particulières selon lesquelles les communautés néocatéchuménales du monde entier célèbrent leurs messes n’introduisent de fait dans la liturgie latine un nouveau "rite" artificiellement créé par les fondateurs du Chemin, étranger à la tradition liturgique, plein d’ambiguïtés doctrinales et fauteur de division dans la communauté des fidèles.
Ce risque de divisions avait justifié une visite au pape Benoît XVI de trois évêques japonais rapportée dans le journal « La Croix » du 13 janvier 2012 :
Benoît XVI a reçu en audience, jeudi 12 janvier 2011, trois évêques [japonais] nommés courant 2011 venus tout particulièrement exposer à Rome les difficultés qu’ils rencontrent avec le Chemin Néocatéchuménal.
Déjà devant le pape, en 2007, le président de la Conférence épiscopale japonaise de l’époque n’avait pas hésité à parler de « problème grave » en évoquant les activités des membres du Chemin au pays du Soleil levant. Au sein de la petite communauté que représente l’Église catholique au Japon, affirmait-il ainsi devant Benoît XVI, les activités des membres du Chemin, puissantes et assimilables à celles d’une secte, sont un facteur de division et de conflit. Elles sont la cause de souffrances profondes et douloureuses au sein de l’Église.
Ce qui est certain, c’est que la prise de contrôle de paroisses et la mise en place de séminaires indépendants des séminaires diocésains crée un pouvoir parallèle à celui de l’organisation et de la hiérarchie catholique officielle et déstabilise les catholiques pratiquants habituels qui ne trouvent plus leurs repères habituels.
C’est pourquoi, le 1er janvier 2014, le pape François déclarait aux responsables de ce mouvement :
La liberté de chacun ne doit pas être forcée, et on doit respecter également le choix éventuel de celui qui décide de chercher, hors du Chemin, d'autres formes de vie chrétienne qui l'aide à progresser dans sa réponse à l'appel du Seigneur.
Pour en savoir davantage et se forger son opinion l’internaute pourra avec avantage se reporter aux blogs et sites suivants édités dans différents pays qui démontrent, s’il en était besoin, combien ce mouvement fait l’objet de controverses :
http://eraofpeace.tripod.com/
http://www.antyk.org.pl/wiara/neokatechumenat.htm
https://www.edizionisegno.it/libro.asp?id=1373
https://neocatecumenali.blogspot.fr
http://www.internetica.it/neocatecumenali/
http://thoughtfulcatholic.com/?p=34136
Comme vous préférez vraisemblablement lire un site en langue française, nous vous signalons également la Mission St Hilaire d’Arles qui publie un témoignage documenté et intéressant :
http://missionsha.blogspot.com/2018/05/le-chemin-neocatechumenal-ou-du.html