Alexandre MEN

Efforçons-nous donc de découvrir le lien entre l’action menée par Yves HAMANT et la vie   d’Alexandre MEN. Cet homme avait à la base une soif de liberté et une action contre le totalitarisme et l’embrigadement : prêtre orthodoxe russe il s’était battu pour la liberté religieuse dans son pays du temps de l’Union Soviétique. Sauvagement assassiné par des inconnus dans des conditions obscures, sa mémoire fut honorée par les plus hautes autorités du pays. Mikhaïl GORBATCHEV exprima ses « vifs regrets » et Boris ELTSINE obtint du Soviet Suprême qu’il présidait alors qu’il observât une minute de silence. Il s’agissait donc d’une personnalité hors du commun, d’un témoin rétif à tout embrigadement et au totalitarisme. C’est cet exemple de cet homme qu’il a connu quand il séjournait en Union Soviétique et aimé au point de lui faire l’hommage d’une biographie, qui entraîne aujourd’hui Yves HAMANT à combattre l’embrigadement sectaire et le totalitarisme des gourous quels qu’ils soient.
 Car, ce qu’a saisi Yves HAMANT, et nous pensons qu’il s’agit là de cette clé qui lui a permis d’ouvrir des portes jusqu’alors solidement barricadées, c’est qu’il y a une parfaite similitude entre des dissidents tels que le furent Alexandre MEN ou les nombreux autres qu’il a discrètement aidés et les ex-membres de Communautés ou de mouvements religieux relégués au rang d’apostats par les groupes qu’ils ont eu le courage de quitter. 

L’auteur ne cite-t-il pas justement Soljenitsyne dont il avait véhiculé vers l’Ouest les écrits, le grand écrivain dissident impressionné et inspiré par le courage de deux prêtres orthodoxes dont il reporte ainsi la réaction:
« Au printemps 1966, je lus avec admiration la protestation des deux prêtres, Eschliman et Yakounine, cette voix pure, courageuse et intègre s’élevant pour défendre l’Eglise qui n’avait jamais su, ne savait pas et ne voulait pas le faire elle-même. Je lus et je les enviai. Je n’avais pas osé. Cela me travaillait sans doute, en silence, inconsciemment. Et avec la soudaine clarté des décisions infaillibles, je compris que, moi aussi je devais faire quelque chose d’identique ».
De la « soumission librement consentie[1] »  telle qu’on caractérise ainsi la dérive sectaire à l’insoumission librement assumée, il y a tout un parcours qu’ont suivi les Soljenitsyne, les Eschliman et Yakounine, et bien sûr, Alexandre Men, personnage central du récit. A la base il y a toujours ce que les spécialistes du sectarisme appellent le déclic quand un adepte décide de prendre la fuite, et ce que Soljenitsyne décrit comme « la soudaine clarté des décisions infaillibles ». qui les mène tous vers ce chemin identique semé d’embûches qu’ont découvert celles et ceux qui ont échappé aux dérives sectaires ou à l’oppression totalitaires.
Il  leur fallait en effet s’élever contre les abus, mais aussi défier l’autorité, notamment une autorité religieuse souvent vendue au KGB, une Eglise qui « n’avait jamais su, ne savait pas et ne voulait pas [se défendre] elle-même ». Mais n’est-ce pas l’Eglise de tous les temps ?

[1] Cf. l’ouvrage de référence de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois aux PUF : « La soumission librement consentie », sous-titré « Comment amener les gens à faire librement ce qu’ils doivent faire ».

A ce propos,  et que le lecteur nous pardonne d’avance cette longue citation, loin de toute intention purement polémique,  Yves HAMANT note justement :
« D’une manière générale, il [Alexandre MEN] était très respectueux du principe hiérarchique de l’Eglise, considérant qu’il  appartenait à la structure de tout organisme actif ayant une mission pratique sur la terre. Il n’oubliait pas que, dans l’Eglise orthodoxe comme dans l’Eglise catholique, le sacerdoce du prêtre dérive de celui de l’évêque ; aussi était-il soucieux de rester en lien avec l’épiscopat. »

Ce paragraphe nous éclaire également  sur la seconde part du jeu de clés dont sait user Yves HAMANT : à l’école d’Alexandre MEN, soucieux de rester en lien avec un épiscopat qui accepte des compromis, il sait, pour en avoir été acteur et témoin lucide en Russie soviétique que le solution passe par un rôle plus actif des laïcs, notamment des dissidents que sont de nos jours les victimes échappées à l’emprise.
C’est pourquoi ce qui a guidé en son temps Alexandre MEN est bien ce qui guide aujourd’hui Yves  HAMANT. Qu’importe la différence des contextes politiques et religieux. Il existe toujours un fil directeur, si ténu soit-il, qui fournit la clé des comportements observés.
 
Ensuite, comme l’écrivait Alexandre MEN à Yves Hamant en 1980 : « Ce qui compte c’est de travailler patiemment, inlassablement en profondeur. » 

[1] Cf. l’ouvrage de référence de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois aux PUF : « La soumission librement consentie », sous-titré « Comment amener les gens à faire librement ce qu’ils doivent faire ».

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