La Communauté Saint Martin

Séminaristes de la Communauté Saint-Martin à l’office des laudes


Son histoire 

Le cardinal SIRI a été de longues années archevêque de Gênes en Italie jusqu’en 1987. Celui qu’un journaliste biographe avait surnommé « le pape non élu » fut longtemps le chef de file du courant conservateur des cardinaux opposés au concile Vatican II qui furent mis en minorité lors de l’élection du pape Jean XXIII.

C’est dans cet état d’esprit que Mgr SIRI accueillit dans son diocèse Jean-François GUERIN un prêtre français traditionaliste en 1976  et lui permit d’ouvrir dans le couvent de Voltri  un foyer pour des jeunes qui étaient disciples  et suivaient des cours au grand séminaire de la ville. Siri érigea bien vite ce foyer en Communauté qui prit le nom de St Martin car Guérin était originaire de Tours. 

Guérin était connu pour ses  colères quotidiennes, mais cet ancien chapelain de Montmartre avait de l’autorité, des relations et des capacités intellectuelles, et donc les moyens de fonder une communauté  qui n’est pas une congrégation, mais une société de clercs, ce qu’on appelle en droit  canon une association publique cléricale de droit pontifical. Durant son supériorat le père GUERIN, décédé en 2005, put désigner son successeur Jean-Marie LE GALL, héritier d’une grosse fortune et connu pour ses goûts de luxe. Mais Jean-Marie LE GALL, Don le GALL en religion, était un homme fort intelligent qui comprit vite qu’en insistant sur les capacités intellectuelles des séminaristes et leur origine sociale ainsi qu’en campant une image traditionnelle du prêtre (port de la soutane, offices en latin) il pouvait développer une communauté élitiste ayant de l’influence.


Le présent

C’est bien le cas aujourd'hui. Installée désormais en France à Evron la communauté Saint Martin compte environ 170 membres et se voit confier des paroisses et sanctuaires prestigieux dont le Mont Saint Michel. Mais tout ne va pas pour le mieux. Après une visite pastorale terminée en janvier 2023, suivie d’un audit financier, des "ombres" ont été relevées sur la figure du fondateur, le père Jean-François Guérin, Il lui est reproché d'avoir créé "un climat abusif dans l'exercice de l'autorité et de l'accompagnement spirituel" et surtout des "baisers forcés", rapportés par certaines personnes interrogées, majeures au moment des faits. Comme toujours on peut se demander, comme à l’abbaye de LAGRASSE, comment et pourquoi des faits présumés délictueux imputés au fondateur ont pu être tenus secrets aussi longtemps.


L'obéissance

Pour cela il faut comprendre que la Communauté saint Martin présente un certain nombre de paradoxes, par exemple des exigences surprenantes sur l’obéissance que nous avons relevées dans un numéro de leur revue « Sub signo Martini »[i], et que l’on ne retrouve que dans les congrégations les plus rigoristes durant les siècles passés. Nous citons :

« On n’obéit pas d’abord parce que l’on est d’accord avec l’ordre.  Pour autant, bien sûr, que la foi et les moeurs ne soient pas en danger, on est tenu d’obéir même si intellectuellement on éprouve une incompréhension ou un désaccord. »


À l’occasion d’événements plus ou moins fortuits, le supérieur peut donner à tel ou tel séminariste un ordre que celui-ci ne comprend pas ou désapprouve. Tant que l’ordre donné ne va pas contre la foi et les moeurs, le séminariste est invité à obéir. »

« De quoi rappeler que l’obéissance, ce n’est pas obéir quand on est d’accord, mais consentir librement à un ordre légitime. On peut ne pas être en accord ou ne pas comprendre, l’essentiel est l’exécution volontaire. L’idéal étant de s’approprier, autant que faire se peut, l’ordre donné. »


Dans ces conditions où donc s’arrêtent la foi et les mœurs quand le père Guérin vous embrasse sur la bouche ? C’est bien difficile à apprécier quand on est soumis, d’accord ou pas, à une stricte obéissance. Peut-être avons-nous là l’explication de ce long silence sur son comportement abusif.


Proclero

Un autre paradoxe est que cette société de prêtres qui se dit foncièrement thomiste, attachée à l’enseignement de St Thomas d’Aquin, est en même temps  la seule institution qui, à notre connaissance, s’est lancée dans une opération financière avec la création d’un fonds commun de placement, PROCLERO, présidé par un de ses membres, comportement contradictoire avec les enseignements traditionnels de St Thomas d’Aquin sur l’usage de l’argent et du profit que l’on peut en retirer. 


Visite pastorale

Deux ans après une visite pastorale lancée par Rome à la demande de la Communauté qui préférait prendre les devants, sentant que certains secrets étaient éventés, le Dicastère romain pour le clergé vient de nommer le 4 juillet 2024 deux assistants apostoliques pour une période de trois années. Ils aideront la communauté fondée à faire la «relecture historique de sa fondation », et à  « mener plusieurs réformes ». 

De façon désabusée un témoin qui avait connu la communauté saint Martin en 2010 nous écrivait que dans cette ambiance « le saint curé d’Ars n’aurait eu aucune chance de devenir prêtre ».

C’est ce que les assistants apostoliques devront vérifier.

Publié le 27/08/2024


  
[i] Numéro 31, mais 2011, pp.22-23 – article de Louis Hervé GUINY, assistant général, responsable de la formation

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