« Sodalicio »

« Sodalicio », « SCV », « Sodalitium Christianae Vitae », « Sodalité de Vie Chrétienne »,

autant de noms pour ce mouvement fondé au Pérou en 1971 par Fernando FIGARI, laïc catholique péruvien. Cette société apostolique présente des groupes dans sept pays d’Amérique latine ainsi qu’en Italie et aux USA.  La SCV ayant adopté une attitude conservatrice qui permettait la comparaison à l’Opus Dei, son développement et son succès ont donc été au rendez-vous en sur le continent américain.

SODALITIO  modifie ses statuts en 1986, et se présente comme association privée de fidèles mais avec la structure d'une société de vie apostolique. Les nouveaux statuts furent adoptés en 1989 et l'association érigée canoniquement dans l’archidiocèse de Lima.

SODALITIO est devenue le 22 février 1994 une société de vie apostolique de droit diocésain approuvée par le cardinal Augusto Vargas Alzamora, S.J, archevêque de Lima, puis  a été reconnue le 8 juillet 1997 par le pape Jean-Paul II comme société de la vie apostolique de droit pontifical dépendant de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique.


Le succès de ce mouvement, 

c’est d’abord celui de Fernando FIGARI que Jean-Paul II nomme en 2002 consultant au Conseil Pontifical pour les Laïcs, et que, en 2005, Benoît XVI nomme auditeur au Synode des Evêques sur l’Eucharistie, l’un des rares laïcs invités à cette assemblée. En 2008 une campagne est organisée pour la béatification de German DOIG, l’ancien bras droit de FIGARI est interrompue en raison d’allégations d’abus sexuels. C’est alors que la situation se gâte. 


En 2010 le silence est rompu 

Aussi, dans une ambiance trouble, le 21 décembre 2010, Figari renonce-t-il à sa charge de Supérieur Général  de Sodalitium Christianae Vitae, officiellement pour raisons de santé. Il faut comprendre que l’omerta sur le comportement pervers de FIGARI et de son complice DOIG avait été solidement maintenue. 

Ensuite il a fallu en effet attendre 2011 …

pour que trois anciens membres de la SCV accusent d’abus la Société, devant le tribunal ecclésiastique de l'archidiocèse de Lima. Embarrassés, les juges ecclésiastiques, à l’automne 2015, avaient courageusement renvoyé l'affaire au Vatican car, disaient-ils, ils n'étaient pas autorisés à entendre des affaires impliquant des sociétés apostoliques.

Et il a fallu attendre octobre 2015, 

pour qu’une organisation de défense des droits de l'enfant dépose des déclarations sous serment accusant l'archevêque de Lima, Juan Luis Cipriani, et d'autres fonctionnaires de l'archidiocèse d'obstruction à la justice et de dissimulation d'abus sexuels au sein de la SCV.


Un livre révèle les abus de Figari 

C’est au cours de cette même année qu’un journaliste nommé Pedro SALINAS aidé de Paolo UGAZ publie un livre intitulé « Moitié moines, moitié soldats » qui révèle de nombreux abus et scandales de la part de FIGARI. Il provoque alors un choc considérable renforcé par le témoignage en justice de cinq anciens membres de ce mouvement qui accusaient les dirigeants de SCV d’association de malfaiteurs, d’agressions et d’enlèvements et demandaient la dissolution du mouvement. Pas moins !

Des anciens membres déposent plainte

Ces témoins plaignants avaient été membres de la société pendant plus de dix ans, dès le début de leur adolescence. Ils affirmaient avoir été enfermés contre leur gré dans les maisons de la société et s'être vu interdire de voir leurs parents. Certains disaient avoir été battus par Figari et d'autres dirigeants.




Cinq mois après la publication du livre de Pedro Salinas le supérieur général de la SCV, Alessandro MORONI, contraint par le scandale publiait une déclaration vidéo indiquant que son organisation avait pris l'initiative de la révocation de Luis FIGARI :

 « Après avoir entendu les témoignages, nous déclarons Luis Figari coupable des abus allégués », avait déclaré M. MORONI. « Nous le déclarons persona non-grata au sein de notre organisation, qui déplore et condamne totalement son comportement. »


M. MORONI avait ajouté qu'il avait personnellement rencontré le pape François en décembre pour demander la radiation de M. FIGARI de SODALITIUM. MORONI avait également présenté ses excuses aux victimes de FIGARI et aux autres membres de la SCV touchés par ce scandale.

« Nous reconnaissons le péché de ne pas avoir réagi immédiatement », avait-il déclaré.
« Nous sommes sûrs que par la grâce de Dieu, notre grande famille survivra et ira de l'avant au-delà des erreurs de ses dirigeants, qui ont désormais décidé de repartir à zéro. » 

Il faut dire que la pression était forte.



Deux ans plus tard, en 2017

une enquête externe commandée par le Mouvement - sous la pression du scandale - avait démontré que FIGARI avec trois autres responsables de haut rang avaient abusé 19 mineurs et de 10 adultes. 

« Je pensais que j’avais été sélectionné par le diable pour fournir des services sexuels à cet homme » 

        avait confié l’une des victimes aux enquêteurs.


L’enquête externe avait révélé que FIGARI était « narcissique, paranoïaque, humiliant, vulgaire, vindicatif, manipulateur, raciste, sexiste, élitiste et obsédé par les questions sexuelles et l'orientation sexuelle » des membres de SODALITIUM.

Il sodomisait ses recrues et les forçait à le caresser et à se caresser les uns les autres. Il aimait les voir « souffrir ».


Mais il faudra encore attendre 2018

pour qu’un commissaire apostolique soit désigné dans un climat tendu lors de la visite du pape François au Pérou.


Et six longues années vont encore se passer !

Enfin, le 14 août 2024 le Vatican a annoncé l’expulsion du fondateur de cet influent mouvement religieux péruvien, après que la hiérarchie catholique ait passé plus d'une décennie à minimiser les allégations d'abus sexuels et psychologiques et de corruption financière à son encontre et à celle de sa communauté.

Selon le décret du département du Vatican pour les ordres religieux, publié sur le site web de la conférence épiscopale péruvienne, il a fallu que le pape François donne son autorisation explicite pour expulser FIGARI du mouvement !


Un dernier scandale de fraude fiscale

portant notamment sur la gestion des cimetières est venu s’ajouter début septembre. Le 24  septembre le Vatican expulse 10 membres du mouvement impliqués dans les abus, dont Alejandro BERMUDEZ, journaliste ancien directeur d’un groupe de presse catholique et l’archevêque Antonio EGUREN. Cette triste affaire illustre bien l’impunité dont peuvent ainsi jouir des fondateurs abuseurs pendant plusieurs décennies.


S’il y a une présomption d’innocence de coupables présumés, il devrait y avoir dans la balance une présomption de sincérité pour la parole des victimes et l’application d’un principe élémentaire de prévention pour les protéger.





D'autres articles concernant Sodalicio 


> Youtube :
 MENSAJE DEL SUPERIOR GENERAL DEL SODALICIO  


> L'Envers du décor :
 Le Cardinal Barreto demande que la sentence contre Luis Fernando Figari soit rendue publique


> La Croix :
 Scandale Sodalicio : le pape François expulse dix membres du mouvement péruvien pour « violence et sadisme »


Publié le 02/10/2024





 


ReCaptcha

Ce service de protection de Google est utilisé pour sécuriser les formulaires Web de notre site Web et nécessaire si vous souhaitez nous contacter. En l'activant, vous acceptez les règles de confidentialité de Google: https://policies.google.com/privacy

Google Analytics

Google Analytics est un service utilisé sur notre site Web qui permet de suivre, de signaler le trafic et de mesurer la manière dont les utilisateurs interagissent avec le contenu de notre site Web afin de l’améliorer et de fournir de meilleurs services.