Dieu, les Focolari et moi
L’image du chemin est prégnante dans ce récit …
Ne serait-ce déjà qu’en raison du fait qu’il a été parcouru durant de longues années, par une très jeune fille, 11 ans au départ, pour s’achever à la maturité d’une femme de 51 ans.
Il y a bien, là, le reflet d’une progression dans le temps et dans l’espace, les déplacements de lieux sont fréquents dans ce parcours.
Une progression marquée par des temps de paix et de sérénité, des temps d’incertitude et de désarroi, des temps de fatigue et de malaise, des temps de recherche et d’interrogations, des temps de confusion face à des obstacles difficilement identifiables, des temps de perplexité quant aux décisions à prendre alors que les directions sont mal signalisées...
Certes toute marche, tout engagement connaît des épreuves et cette constatation se vérifie aisément lorsqu’il s’agit du domaine spirituel. Mais ce que nous écrit Renata Patti dépasse largement ce que l’on pourrait considérer comme des difficultés normales pour un tel type d’engagement.
L’épreuve est nettement plus douloureuse. Car l’invitation à laquelle elle voulait répondre en rejoignant le mouvement était l’invitation même du Christ: « je suis le Chemin, la Vérité, la Vie », invitation à Le suivre, sur ce chemin-là.
Loin d’y être aidée, elle s’est sentie entraînée dans le brouillard et la confusion d’identité, alors que tout le contexte l’incitait à interpréter cette situation comme étant le signe qu’elle était sur la bonne voie.
Plutôt que d’un chemin de vérité, c’est d’un chemin de prise de conscience de réalité
dont nous fait part Renata Patti, une réalité enfouie sous de nombreux signes contradictoires ne facilitant guère sa mise à jour. Et ce n’est finalement qu’à l’issue de quarante années au sein du mouvement qu’elle a pu comprendre que ce n’était pas sur une telle route qu’elle pourrait s’approcher de la vérité qu’elle cherche.
Son parcours aura aussi été marqué par une volonté tenace de s’accrocher à sa démarche et de refuser de se laisser aller au découragement et au défaitisme, cela en dépit des ambiguïtés et des manœuvres diverses auxquelles elle s’est sentie confrontée.
Son parcours aura aussi été marqué par une volonté tenace de s’accrocher à sa démarche et de refuser de se laisser aller au découragement et au défaitisme, cela en dépit des ambiguïtés et des manœuvres diverses auxquelles elle s’est sentie confrontée. Elle a montré une grande force de résilience au sens que Boris Cyrulnik a donné à ce concept, à savoir la capacité de se reconstruire, de « rebondir » après le stress provoqué par un choc traumatique.
Il est effrayant, je pèse le mot, de constater comment dans ces mouvements au sein de l’Église catholique, les Focolari ne sont pas les seuls, les qualités d’empathie, d’écoute attentive, de compassion, d’encouragement positif, centrées sur la personne, tenant compte de ses caractéristiques propres, peuvent disparaître pour laisser libre cours au jugement, à la culpabilisation, à la dévalorisation personnelle, voire à la déshumanisation.
Le plus effrayant étant de faire croire à la personne que le recours à de tels comportements négatifs est fait pour son bien, sa sanctification.
Ils ont vécu dans leur esprit et dans leur chair les effets du poison. Celui de l'emprise subtile exercée par des malades ou des gourous que d'autres prennent pour des saints. Ils alertent du danger que personne n'avait su ou voulu discerner. Ils se lèvent là où on ne les attendait pas. Renata Patti du cœur du Mouvement des Focolari. Écoutons-la…
Ignace Berten, O.P. Dominicain, théologien (Bruxelles) :
Une histoire douloureuse, des blessures profondes, des cicatrices ineffaçables. À la limite de la mort psychologique et spirituelle. Les dérives sectaires dans certains nouveaux mouvements, non seulement reconnus mais survalorisés dans l’Église catholique récente, ont des effets mortifères. Dans le cas des Focolari, le drame est que cette dérive trouve clairement sa source dans les textes de la fondatrice, Chiara Lubich.[…] il y a chez la fondatrice une quasi-identification personnelle à Dieu lui-même et, à partir de sa mystique de l’unité, l’exigence de renoncer totalement à sa personnalité propre, à toute volonté personnelle. D’où, au sein des Focolare (communautés de vie), les manipulations mentales de la part des responsables et la progressive dissolution des personnes, jusqu’à la tentation du suicide et parfois le passage à l’acte. Merci à Renata Patti pour ce témoignage indispensable.
L'enquête « établit qu'une chaîne de responsables pendant de nombreuses années, tant en France qu'à Rome, n'a pas agi sur la situation de JMM d'une manière qui aurait permis de protéger les victimes et de prévenir d'autres incidents d'abus ou de tentatives d'abus. »
Éditeur : Mols
ISBN : 978-2-87402-268-5
EAN : 9782874022685